Nouvelle Lecture

Bienvenue

// Clément Sayous, étudient à l'Institut d'Art Visuel DNSEP (option design visuel)

Réflexion sur la nouvelle définition du Lecteur et sur son rôle face à l’information et au nouveau média.

A partir des pistes et hypothèses misent en avant lors de la recherche bibliographique, réalisation d’expérimentations autour des grandes questions et de la problématique.
Chaque expérimentation sera accompagnée d’un article explicatif et documenté. Même si elle pourrait parfois sembler courtes ou encore secondaires, ses recherches permettront de construire et d’enrichir un plus grand projet et une réponse direct à la problématique.


Ce blog est le journal de ma recherche.

22/11/2009

Exposition Deadline au MAM

Ce week-end, je suis allé voir Deadline au Musée d’Art Moderne de Paris. Je vous laisse regarder une présentation d’Odile Burlereaux, commissaire de l’exposition, avant de vous donner mes impressions.



Une exposition à voir absolument ! Tout d’abord pour sa rareté, que ce soit pour les œuvres exposées ou pour le thème pas nécessairement évident dans notre société, mais également pour la force des œuvres que l’on nous présente.
L’imminence de la mort (et aussi son attente) a donné à ces artistes une force créatrice et une puissance hallucinante.

J’aimerai parler de deux œuvres qui m’ont particulièrement marquées.

La première est Bruit réalisé par Absalon en 1993. Il s’agit d’une vidéo de 3’23’’ où l’on voit l’artiste jusqu’à l’épuisement (01:25 de la vidéo de présentation, écran de gauche).
Le cri alors furieux et revendicateur, laisse peu à peu place à l’épuisement, à la peur, à l’assèchement et à la mort. Lorsque l’on regarde, on sait que, nécessairement, un moment ou l’autre, Absalon devra arrêter de crier. Se pose alors la question de la fatalité et du sens (utilité) du combat, qui prend un certain poids lorsque l’on sait la signification de ces cris et l’effort fournis par l’artiste, qui est mort du sida la même année.
Cette œuvre à pour moi un écho particulier, notamment en ce qui concerne ma recherche sur la linéarité et la mort du récit.

La seconde est de Félix Gonzalez Torres (j’ai oublié de noter le nom de l’œuvre, étant trop fasciné par elle pour y penser). Il s’agit d’un rideau de perle (00:06 de la vidéo de présentation).
J’ai bien du rester 10 minute devant à le contempler. Le rideau est totalement statique et fixe, il ne bouge pas (les perles sont relativement lourdes, ce qui le maintient dans une position fixe).
Quand quelqu’un le traverse, chaque ligne de perle s’entrechoquent violemment, pendant plusieurs secondes (une éternité !). Les lignes se réorganisent peu à peu, calmement, gardant la résonance de celui qui est passé il y a plusieurs minutes déjà. L’ondulation du rideau devient imperceptible, jusqu'à ne résonner plus que dans notre mémoire.
L’action succédant à la contemplation, on est pris par l’envie de le franchir à notre tour.
J’ai été assez choqué par la manière dont les gens de le traversaient, nonchalamment, en le poussant du bras, sans réfléchir, comme l’on fait avec le rideau de chez mémé, imprimé d’un magnifique couché de soleil sur une plage du pacifique.
Personnellement, j’ai préféré rentrer dedans en gardant les bras le long du corps, comme en procession (on ne peut pas éluder l’aspect spirituel d’un tel projet… l’idée du passage d’un espace à l’autre, le changement d’état…).
J’ai alors senti le poids du rideau qui me maintenait à mis parcours. Que faire alors ? Reculer serait aisé, rester au milieu serait un peu neutre et étrange, mais quoi qu’il en soit plus facile que de chercher à continuer, mais l’envie de finir le parcours m’est apparu beaucoup plus tenante !
Il faut alors se débattre un peu pour se débarrasser de l’entrave matérielle du rideau. Une fois passé, on est libéré du poids des perles, on se sent plus léger.
A quelques mètres du rideau, si l’on jette un petit regard en arrière, on constate que le rideau ne bouge pas de la même façon. C’est moins harmonieux, la lumière à travers les perles est différente (ce qui peut, certes, venir de la muséographie).

Je suis conscient qu’une œuvre ne s’interprète pas toujours de la même façon et que, en fonction de sa culture, de ses origines, de son histoire personnelle l’interprétation et la façon de vivre l’œuvre est bien différente, mais il y a ici une question sous-jacente : celle de la nature d’une telle œuvre.

Dans l’installation, l’œuvre réside tel dans la contemplation de cette installation, ou dans la confrontation à l’espace créé ?
Je n’ai pas envi de chercher une solution à cette question et de laisser libre appréciation à chacun, à vous de juger (cette question et cette œuvre me rappel également la question de la nature de l’interface).

Voilà ! J’arrête ici ce post qui est déjà bien trop long. Lecteur, si tu es arrivé jusqu’ici, je te remercie de ta patience et te demande de pardonner mon incapacité à dire les choses en une ligne.

2 commentaires:

  1. long mais bon !
    merci d'avoir partagé ton expérience !

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  2. L'œuvre s'appelle "Untitled (Begining)". J'ai été voir l'expo vendredi dernier. Je n'avais volontairement pas lu ton texte avant et aujourd'hui je découvre que nous avons eu les deux mêmes coup de cœur! Article à venir sur mon blog...

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